Comité Départemental de Spéléologie du Jura

Fédération Française de Spéléologie

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 Stage perfectionnement technique : Aiguebonne - Toussaint 2015

 

 

Pour cette troisième session du désormais traditionnel stage "perfectionnement technique" organisé à la Toussaint par le CDS du Jura, on a dû refuser du monde... . Il faut reconnaître que la réputation des grandes cavités et la perspective de l'été indien sur les contreforts du Causse Noir ont quelque chose de séduisant. Mais c'est aussi le caractère "rustique et convivial" de ce  rassemblement qui se transmet de bouche à oreille et par clics de souris.

Hélas, ou plutôt tant mieux, le gîte d'Aiguebonne ne peut raisonnablement accueillir plus de 25 spéléos en stage. Les quinze stagiaires présents cette année ont eu de la chance ! Le côté rencontres et échanges s'avère une nouvelle fois particulièrement riche de par la diversité géographique des participants. Et des participantes, car on compte quand même huit filles (dont deux cadres) dans l'aventure !

Hures, les Patates, Puech Nègre... Les belles classiques sont toujours là, plus ou moins éprouvantes. Les moins classiques aussi d'ailleurs, comme Le Bateau, le Gendarme, Goussoune... mais mieux cachées, avec en prime quelques kilomètres à pied ou en voiture supplémentaires.

Mais tous les soirs, chacun avait quelque chose à raconter durant le grand moment de convivialité du repas. Et là : merci aux cadres et "personnes ressources" qui ont mis les deux mains à la pâte !

A la prochaine...

 

Les participants

les stagiaires

les cadres

Bernard Fumeau (Dino)

CAF Toulouse (31)

Grégoire Limagne (Greg)

Spéléo-Club du Jura (39)

Baptiste Thooris

Spéléo-Club du Jura (39)

Rémy Limagne

Spéléo-Club du Jura (39)

Isabelle Thooris

Spéléo-Club du Jura (39)

Estelle Grandsagne

ASM (84)

Nicolas la Courtillat

ASM (84)

Vanessa Busto

Spéléo-Club Alpin Languedocien (34)

Boris Charrière

SCFRA (39)

Romain Turgné

Spit-Club Saint-Maixent (79)

Jenny Muller

Spéléo-Club du Jura (39)

Johan Badey

Spéléo-Club Lédonien (39)

Sylvain Leblond

Groupe Spéléo Ollioulais (83)

Florian Rives

Spéléo-Club de Montpellier (34)

Sophie Perotto

AGEK (01)

François Bodot

Aragonite Caussenarde (12)

Marie Marchal

Groupe Explo Spéléo Aquitaine (33)

Paul Cordier

Spéléo-Club Lédonien (39)

Claire Marchal

Groupe Explo Spéléo Aquitaine (33)

Mickaël Picaud

Aragonite Caussenarde (12)

Cédric Machado

Aterkania (31)

 

 

Gilles Henry

Groupe Spéléo Alsace (68)

personnes ressources

Marie Parachout

SC San-Claudien (39)

 Laurent Prodeau

Spéléo-Club du Jura (39)

Pierre-Jean Barletta

SC San-Claudien (39)

 Christophe Alet

SSAC (82)

Philippe Barra

Spéléo Club de Souillac (46)

 

 

 

Le planning (cliquez pour la topo)

Dimanche

Lundi

Mardi

Mercredi

Jeudi

Vendredi

Dino, Sylvain

Les Patates

Romain

Gilles, Isa, Claire

Les Patates

Paul

Isa, Claire, Marie P

la Portalerie

Johan + Florian

Isa, Claire, Marie P

le Bateau

Johan + Florian

Isa, Claire

Goussoune

Vanessa + Florian

Isa, Sylvain

Les Patates

Florian

Nicolas, Baptiste

Montjardin

Estelle

Dino, Marie P, Philippe

Dargilan

Johan

Gilles, Philippe, Nicolas

le Gendarme

Estelle

Baptiste, Marie M

la Portalerie

Vanessa + Paul

Baptiste, Lisa, Nicolas

Montjardin

Estelle + Greg

Dino, Gilles

Puech Nègre

Vanessa

Gilles, Marie P, Philippe

Goussoune

Paul

Sylvain, Boris

le Bateau

François

Cédric, Jenny, Marie M

Dargilan

Vanessa

Cédric, Jenny

Camp Long

François

Marie P, Cédric, jenny

Le Bateau

Paul + Micka

Cédric, Jenny

Hures

Romain

Sophie, Pierre-Jean

Aven Emilie

Vanessa

Nicolas, Baptiste

Le Bateau

Estelle

Dino, Boris

Caumiane

François

Dino, Boris

Tabourel

Romain

Dino, Boris

Hures

Johan

Boris, Baptiste

Baume Layrou

Johan

Marie M, Cédric, Jenny

la Barelle

Florian + Johan

Marie M, Sophie, Pierre-J

Cabanes du Trévezel

Rémy + Laurent

Sophie, Pierre-Jean

Montjardin, Cimetière

Romain

Sophie, Pierre-Jean

Goussoune

Greg

Marie P, Sophie, Pierre-J

Aven Noir

Romain

Marie P, Sophie, Pierre-J

Les Patates

Paul

Claire, Isa, Boris

Dargilan

Rémy

Cédric, Jenny

Goussoune

Romain

Sylvain, Baptiste

Tabourel

Paul

Sylvain, Gilles

Dargilan

Micka

Sylvain, Gilles, Philippe

la Barelle

François

Philippe, Nicolas

Mas Raynal

Estelle + Laurent

 

 

 

Nicolas, Christophe

La Verrière

Estelle

 

Marie M, Claire

Aven Noir

Greg

Technique (Paul + Johan)

Film

Karsto (François + Micka)

Environnement (Micka)

Prévention (Rémy)

Faune souterraine (Sophie)

 

Une semaine au gîte (cliquez pour agrandir)

 

 

 

 

 

Vu du Jura... La semaine de stage, par Pierre-Jean et Marie

JOUR 0 – Samedi

Comme prévu j'ai retrouvé Sophie et Marie à Poncin vers 13 H pour partir en direction du Gard, terre de mystères et de calcaire.

Nous avons réussi à rejoindre la vallée du Trevezel sans souci pour arriver vers 19 H. Juste pour l'apéritif. Installation et découverte du gite qui était parfait pour une bande de spéléos.Nous avons fait connaissance avec les différentes personnes et bien mangé. Première veillée

JOUR 1 – Dimanche : Grotte Emilie, avec Vanessa Busto – Pierre-Jean – Sophie

Nous sommes partis aux environs de 9 H pour arriver à la grotte 40 minutes plus tard.

Vanessa nous a appris les différentes façon d'installer une main courante. Comment l'accrocher à un arbre. Noeud de cabestan. Noeud auto-serrant avec un 8 pour finir. Noeud de tisserand pour accrocher directement. Et chacun notre tour, avec Sophie, nous avons installé des parties de la longue main courante qui descend jusqu'à la grotte. J'ai installé la corde pour descendre le ressaut de 2-3 mètres qui permet d'arriver au porche que nous avons descendu sur descendeur.

Nous avons mangé devant la grotte et ensuite nous avons rampé à l’intérieur pour nous diriger vers le puits. Etant donné que nous étions là pour équiper, Vanessa nous a fait mettre une longue vire d'accès pour approcher le trou. Sophie a installé la tête de puits avec un mickey. Et elle est descendue. (23 m je crois … je ne suis plus sûr ^^ et bien 15 mètres de diamètre). Vanessa m'a fait ré-équiper sur deux autres accroches et, ayant passé 15 minutes à défaire le mickey, j'ai fait deux nœuds de chaise double. Et je suis descendu aussi. Une fois en bas, c'était bien joli. Une grosse concrétion à gauche du puits et une très large galerie qui descend assez raide vers le bas.

Etant donné que nous n'avions pas le temps, nous n'avons pas installé la main courante de 50 m pour continuer à descendre vers la grosse concrétion (la dame blanche) beaucoup plus bas. Nous pouvions néanmoins la voir au loin en mettant les frontales à fond. Nous avons fait des exercices de transition monter/descendre sur la corde. Finalement nous sommes remontés et nous avons chacun déséquipé une partie.

 

JOUR 2 – Lundi : Grotte de la cabane de Trévezel, avec Rémy Limagne – Laurent Prodeau - Pierre-Jean – Sophie – Marie M (l'autre Marie)

Sortie Karstologie. Pas d'évolution sur corde. Traversée prévue.

Nous nous garons rive droite du Trevezel que nous traversons pour remonter rive gauche le long d'un torrent à sec. Après un quart d'heure à chercher la grotte dans le lit sec de la rivière, nous trouvons le trou bouché par des branches et de la terre. Nous désobstruons donc l'entrée pendant un quart d'heure et, finalement, nous rentrons dans une grotte où l'on trouve aussi bien du calcaire que des roches de type granitique car nous sommes au confin de la zone calcaire avec le massif granitique. Nous évoluons donc tranquillement dans une grotte qui est un vrai gruyère.

Après 20 minutes de descente c'est là qu'il y a eu l'accident. Rémy avait désescaladé un endroit et Marie allait le suivre et donc, elle prend appui sur un rocher pour descendre. Un rocher qui se décroche et qui tombe 5-6 mètres plus bas dans le dos de Rémy qui crie un grand coup. Moi j'étais loin derrière donc j'ai entendu le bruit du rocher qui se décrochait et ensuite le cri de Rémy. Presque tout de suite après, Rémy a continué à crier par moments et Laurent, qui était derrière Marie, est descendu rapidement voir ce qu'il en était. Rémy avait très mal mais il voulait ressortir donc nous sommes repartis vers la sortie avec Laurent devant, Rémy qui le suivait et moi qui aidait Rémy juste derrière. Rémy a eu vraiment très mal en passant les quelques étroitures pour ressortir mais finalement nous sommes ressortis. Après une pause nous sommes redescendus. Rémy avait du mal à respirer.

Arrivés à la voiture, Rémy s'est assis dans le coffre de la voiture de Laurent. Il ne pouvait pas se coucher. Nous avons cherché à trouver du réseau. Laurent a appelé les pompiers qui lui ont dit qu'il pouvait donner des anti-douleurs à Rémy. En attendant les pompiers, nous avons aidé Rémy à se changer et regardé un peu sa blessure. Les pompiers sont arrivés et Sophie est partie avec eux pendant que nous sommes rentrés au gite pour que Laurent prenne les papiers de Rémy et reparte vers l'hôpital. Marie et moi sommes donc repartis pour aller chercher le repas du soir à Nant car Laurent ne pouvait plus y aller.

Finalement, Rémy, Sophie, et ensuite Laurent ont attendu des heures à l'hôpital sans que personne ne s'occupe d'eux donc ils sont rentrés le soir. Rémy est retourné le lendemain à l’hôpital où on lui a fait des radios mais, comme le radiologue était absent, personne n'a pu lui dire s'il avait bien des côtes cassées (ce que nous pensions). Au final il n'a plus pu faire de sorties de la semaine. Le système de santé français est-il vraiment l'un des meilleurs au monde ?

 

JOUR 3 – Mardi : Aven de Montjardin et grotte du cimetière, avec Romain Turgné - Pierre-Jean – Sophie

Nous avons trouvé facilement. C'était tout à coté. Nous avons descendu les puits (P5 et P11). Romain ne nous a pas fait équiper car il voulait que nous soyons plus à l'aise sur corde avant de nous faire équiper et donc nous avons fait des exercices sur corde en bas du puits. Il a trouvé que notre matériel n'était pas bien réglé.

Nous avons mangé devant le lac (oui, il y a un lac souterrain). Nous avons gonflé le bateau et Sophie et Romain ont traversé en laissant une corde derrière que j'ai attachée. J'ai ramené le bateau avec la corde et j'ai traversé aussi. De l'autre côté la grotte remontait avant de redescendre sur une paroi où l'on voyait le plissement comme au chapeau de gendarme mais sous terre avec, à peu près, la même hauteur. En bas, à droite, il y avait plein de cristaux de gypse (si je me rappelle bien). Après quelques photos nous sommes remontés.

Nous sommes repartis un peu plus bas dans la vallée du Trévezel (à une dizaine de minutes) pour aller vers l'Aven du cimetière. Pas de chemin et les indications disaient de remonter la rive droite en restant dans l'alignement du pont sur 100 m pour trouver la grotte. Après une demi heure à tourner dans les branches et les buis (où bien, évidemment, on ne voit plus le pont) nous avons trouvé la grotte, 200 m en amont de la route, dans le début de la barre rocheuse. Une énorme salle basse de plafond de quelques 100 m de long et 20 à 30 m de large. Il y avait un peu partout des os de petits animaux. Certains pris dans la calcite ce qui prouve leur ancienneté. Ils avaient été laissés par les Néolitiques qui vivaient ici.

Retour à la base (complètement mouillés parce qu'il pleuvait non stop). Le soir nous avons refait nos longes, et coupé la corde qui dépassait.

 

JOUR 4 – Mercredi : Aven de Goussoune, avec Greg Limagne – Pierre-Jean – Sophie

Départ avec Greg pour la grotte de Goussoune. Prévenu la veille qu'il fallait un cadre en plus, Greg est venu depuis Lyon en passant par le Jura pour remplacer Rémy.

Nous sommes donc partis chercher cette grotte. Après 10 minute de chemin de terre, nous avons trouvé des chasseurs qui nous ont indiqué le chemin pour la grotte (ce qui nous a évité de nous perdre pendant une heure comme le groupe de la veille). Nous sommes arrivés facilement à la grotte où j'ai fait un pointage GPS.

Après s'être équipés sous une pluie fine, nous sommes allés à l'entrée de la grotte. Greg a tout équipé. P4 avec presque directement P23 où, comme on nous l'avait dit, il y avait une "carcasse qui pue“. Comme on n'avait pas pris assez de mousquetons, Greg a dû, plusieurs fois, faire des nœuds de tisserand pour économiser les mousquetons. P7 P10 P18 qui s’enchaînent et nous arrivons sur le rocher en cours de puits où il faut descendre pour arriver à la grande galerie. Nous sommes à -80 / -90 m à deux vaches près ^^.

Nous descendons au milieu d'une forêt de colonnes, stalagmites, stalactites, et quelques fistuleuses. Pour pouvoir passer des colonnes ont été cassées sur les 40 mètres. Il y en a plein et il y a des petits murs de bout de colonnes empilés comme des bûches de bois (du coup j'en ai pris un bout). Après la balade nous revenons à côté du puits pour manger.

Pendant que Sophie remonte le P18 je vais descendre plus bas pour voir si je trouve l'entrée vers les galeries inférieures car la grotte continue encore pour aller 40m plus bas. Finalement Sophie fait tomber son gant et, comme je suis déjà en bas, je le prends. Je n'ai pas eu le temps de trouver la suite et donc je suis remonté. Greg est remonté et j'ai déséquipé les trois puits du bas. Ensuite Sophie a déséquipé le P23 et, à la fin, elle a mis la botte dans..la carcasse qui pue... erk pas de bol.

La pluie s'est arrêtée quand Sophie est sortie. Et un peu après on a même vu le soleil :) Retour à la base où j'ai tendu une corde pour faire sécher mes trucs dans un endroit à peu près chaud.

 

JOUR 5 – Jeudi : Aven Noir, avec Romain Turgné - Pierre-Jean – Sophie – Marie P (la Marie à nous)

Nous arrivons et, nous trouvons par hasard Roland Pélissier et un de ses amis. C'est l'homme qui a trouvé la fameuse partie dans laquelle se trouvent plein de cristaux. C'est lui qui a fait en sorte qu'on ne puisse plus y aller à cause des personnes qui ont abimé ces cristaux très fragiles. Il nous parle longtemps de la cavité et aussi des gens qui sacagent le milieu souterrain tel que ceux qui ont cassé les colonnes à la grotte de Goussoune où nous étions la veille.

Nous partons donc un peu après eux. Après 40 minutes de marche, nous arrivons finalement à une énorme entrée de gouffre de quelques 10/15 m de diamètre. Avec 40 m plus bas une salle énorme. Les deux papis (Roland et son pote) nous disent que l'on peut utiliser leur corde pour descendre à deux cordes.

Romain préfère équiper lui-même la deuxième corde en dévers au-dessus de beaucoup de vide. C'est un P37. Nous arrivons dans une salle vraiment énorme c'est super beau (37 m c'est la hauteur du plafond). Il y a des blocs effondrés recouverts de mousse en dessous du puits ce qui donne vraiment un effet sublime. Et l'entrée vue d'en bas avec la lumière qui tombe dans le gouffre illuminant les mousses est digne d'un tableau de Courbet.

On passe une bonne heure à descendre dans cette salle qui plonge dans l'obscurité. Cette salle, après n'avoir un plafond qu'à 15 m s'élargit encore plus et reprend de la hauteur ..le plafond est si haut ^^' On voit quelques chauve souris : grand Rhinolof, Murin. Marie arrive à débusquer des chauve souris dans des endroits improbables (elle a un 6ème sens). Au bout, je tombe sur une galerie concretionnée qui a l'air de descendre mais Romain s'impatiente et je remonte donc pour faire des photos avec les autres. Nous remontons au niveau du bas du puits pour manger avec de la lumière.

Nous allons ensuite vers la partie haute et escaladons facilement les blocs pour atteindre le balcon qui surplombe de 10 m la partie amont de la grande salle. La Marie P (la nôtre) équipe le P11 pendant que Sophie et moi descendons sur la corde des deux papis pour nous promener en bas. En dessous c'est un vrai labyrinthe. Ca part de partout depuis les deux sorties en bas du puits. Je vais d'abord à droite où, en bas, je peux aller à droite dans un boyau ou remonter à gauche pour repartir dans un conduit ou encore remonter plus haut. Je reviens donc vers l'autre côté où les autres me rejoignent pour descendre à gauche vers une salle d'où l'on essaye de partir au milieu en haut. Mais, comme très vite il faut être à quatre pattes, et que nous n'avons plus beaucoup de temps, nous allons voir en-dessous, dans la glaise, où nous trouvons, dans un des passages, un puits de 8 mètres (à vue de nez).

Faute de temps, nous revenons en direction du P11 en laissant à gauche et à droite deux autres passages qui partent on ne sait où. Une bonne remontée à deux cordes, où je déséquipe le P37 ce qui est plutôt cool.

Conclusion : magnifique sortie bien que nous n'ayons même pas fait les galeries qui font que tant de gens veuillent venir à l'Aven noir ( et qu'elles soient fermées aux touristes comme nous). Des galeries avec des buissons d’aragonite, les aiguilles de gypse, l’hydromagnésite, et des concrétions gigantesques, des passages où il faut se promener sans bottes. Sur la marche du retour nous voyons les craves (sorte de corbeaux) qui rentrent pour dormir dans la grotte. Leur nombre fait un nuage d'oiseaux qui tourbillonnt en descendant vers la gueule du gouffre qu'on ne voit déjà plus. Hitchcockien !

 

JOUR 6 – Vendredi : Aven des Patates, avec Paul Cordier - Pierre-Jean – Sophie - + un autre groupe en décalé : Florian – Isabelle – Sylvain – Marie P

P13 - P13 - P11 - P19 - P31 - P10 - P10 - P65 --> -217 m

Plus grosse sortie de la semaine pour finir en beauté.La grotte avait été équipée les jours d'avant par les autres groupes. Nous arrivons au fond d'une doline ou un trou de lapin nous attend. Nous enchaînons les puits et les étroitures où c'est vraiment pas facile de faire passer le kit. Que je trainerais jusqu'en bas. Avant d'arriver au P65 c'est vraiment étroit.

A un moment, j'ai fait une chute en sortant d'une étroiture. J'étais parti les pieds en avant et je n'avais pas vu qu'après ça tombait de 2,5 m. Je suis partit d'un coup vers le bas, j'ai ripé sur la roche avec ma main et je suis tombé de 2,5 m de haut. Heureusement je me suis bien reçu sur les deux pieds. Heureusement que le sol était plat. !Si je m'étais cassé une jambe là, il aurait fallu péter la moitié de la grotte pour faire passer un secours ^^

Finalement nous sommes au P65 et la Sophie qui est en bas est un tout petit point de lumière. En bas ça devient gros... très gros... C'est le genre de descente où on se croit sur les images de spéléo de magazines. Vous savez quand il y a un mec tout seul dans le noir sur sa corde avec l'immensité obscure autour de lui.

Je remonte vers une plate-forme sur laquelle on restera manger. Nous testons deux points chauds que Paul nous fait mettre en place. C'est à ce moment que les autres nous rejoignent. Nous repartons donc vers le haut laissant les autres manger. Sophie monte en coinçant la corde dans un kit et ne s'en appercoit qu'à 40 m de haut quand je crie qu'il n'y a plus de corde (entre temps j'étais reparti voir les autres pour qu'ils me repassent un de leur kit). Elle fait donc redescendre doucement la corde et le kit accroché au bout... De 40 m de haut ça peut faire mal sinon.

Une bonne montée de 65m pour bien transpirer et c'est reparti. Nous voici en route pour remonter tous les puits dans l'autre sens. Vers la fin, Sophie n'arrive plus à remonter une cheminée qui en fait n'est pas la bonne et donc on repart dans l'étroiture de gauche que nous n'avions pas vue. Arrivés dehors il fait toujours jour. On s'étend dans l'herbe pendant que Paul par voir où en sont les autres. On se change en attendant.. sauf qu'on attend très longtemps..

Plus d'une heure plus tard on commence à s'inquiter et, heureusement, Marie, Sylvain, et Paul sortent. Les autres ne devraient plus tarder.. sauf que, une heure après, il fait bien nuit et toujours personne dehors. Sylvain comence à s'équiper pour descendre voir quand, finalement, Isa et Florient ressortent. Isabelle, en déséquipant, a fait retomber dans le trou le mickey qu'elle venait de déséquiper avec la corde. La corde s'est coincée au milieu du puits. Et donc il ont mis 1H à redescendre, reprendre la corde et redéséquiper. Finalement nous rentrons.

 

CONCLUSION

Finalement, ce fut une semaine passionnante durant laquelle j'ai appris énormément de techniques de corde, des notions de sécurité, des données sur le monde souterrain, et où j'ai rencontré de nombreuses personnes extraordinaires.

Je vais essayer, dans les prochaines semaines, de mettre en pratique tout ce nouveau savoir !

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Alors moi je suis rentrée fatiguée mais plutôt contente de cette grande semaine de spéléo caussenarde.

Pierre-Jean en a déjà raconté pas mal (super merci !), alors je ne vais pas répéter, je préfère vous raconter en direct si vous voulez, car y'a plein de choses à dire.

Dimanche 27/11/2015 : Nous avons été emmenés par Laurent, avec Phillippe, Paul (initiateur), Gilles, et moi, à l'aven de Goussoune, sur le Causse Noir.

Gilles équipe le départ de la grotte et les premiers puits sous les conseils de Paul, pendant que Philippe et moi observons la manoeuvre, et révisons les noeuds avec Laurent (qui ne nous accompagnera pas sous terre).

Et nous descendons sur les équipements tout juste installés, main courante / tête de puits/puits/main courante/tête de puits/puits, pour tous se retrouver à côté d'un animal en décomposition (plutôt un canidé frisé qu'un mouton...mais c'était difficile à voir). Puis on échange les rôles, et j'équipe le reste de la cavité sous les observations, et bons conseils de Paul. Mon apprentissage de l'observation des amarrages (naturels et spits), des éventuels frottements, etc est en cours... Génial ce dimanche, l'apprentissage est directement expérimenté sur le terrain, et on ira jusqu'à la salle des fameuses concrétions.

Drôle de surprise, un des amarrages du dernier fractionnement a lâché (un vieux spit) sans crier gare, entre le passage à la descente de Philippe et de Gilles.

Cette salle est très belle, mais des gros irrespectueux en ont saccagé une partie : des colonnes de concrétions de calcite sont cassées, et mises en tas éparpillés à plusieurs endroits. Je suis surprise de voir un Rhinolophe,  pendu là tel la sentinelle de la salle,si loin de l'entrée de la grotte. Nous mangeons, puis remontons.

Gilles déséquipe la partie que j'ai équipé, et inversement. Ma nouvelle lampe me lâche au moment de déséquiper le dernier puits, et la dernière main courante, dans laquelle je dois déséquiper en opposition au dessus du vide (alors que je n'aime pas du tout les oppositions dans le vide)... heureusement qu'on perçoit la lumière du jour, et que Paul me rassure !

Ce sera une première grosse et belle journée, où j'aurais la belle sensation d'avoir retrouvé et mis en pratique ce que Jean-Luc et Dominique m'avaient appris au club, à la fin de l'hiver dernier !

 

Lundi  28 novembre : aven de Dargilan, sur le Causse Noir, en marge des Gorges de la Jonte, avec comme initiateurs Florian et Johan, et nous les stagiaires Dino, Philippe, moi.

On était parti pour équiper en double : Dino et Johan, du P15 jusqu'au fond, et moi le même P15 par l'autre côté, pour les rejoindre ensuite en bas. Mais arrivés sur site, une fois qu'on l'avait trouvé, il n'y avait pas la possibilité de faire ça. Une seule ligne de cordes pour ce puits, équipé par Dino en apprentissage avec Johan pendant que Philippe et moi apprenons d'autres nouveaux noeuds avec Florian.

Avant de manger nous descendons ce puits, à ciel ouvert, et arrivés en bas nous révisons les conversions et passages de noeuds. Puis nous remontons pour manger. Après restauration, je redescends à nouveau, suivant Florian pour éventuellement descendre cette grotte...mais Dino et Johan sont en train de remonter en déséquipant ce qu'ils venaient d'installer...Bon, pas vu Dargilan.

Mais je peux déséquiper la main courante et le P15, dont le fractionnement/en tête de puits m'impressionnait (en position décalée en oppo pour ne pas tomber et balancer ensuite, sur corde tendue avec la poignée, etc), mais là aussi, tentant d'entendre, comprendre et appliquer (...dans l'action, j'ai des fois bien du mal avec cette séquence "E.C.A." !) les conseils de Florian, et finalement plus d'appréhensions que de mal, je remonte sans problème.

Attention pour les étourdis comme moi à toujours rester vigilants et ne pas être distraite par les collègues déjà remontés qui me parlent lors du déséquipement de têtes de puits...

Petite sortie cool, qui s'est suivie de la visite de l'entrée de la grotte touristique de Dargilan, pas très loin, en bordure des spectaculaires Gorges de la Jonte (10 euros l'entrée/personnes, mais personnes n'avaient de sous).

 

Mardi 30 novembre : Partis pour la grotte du Bateau, nous suivons nos encadrants égarés sur le plateau du Larzac, Claire, Isa et moi. Florian et Johan, nous proposent, vu le timing avancé, de nous emmener à la grotte de la Portalerie, pas loin de la Blacquerie.

Il pleuvait, il faisait froid. Florian a emmené Isa équiper le premier puits (disons entre 10 et 15m de profondeur à ciel ouvert, nous n'avions pas la topo). Et puis, Claire et  moi, faisions "comme si" nous équipions une main courante avant la descente d'un puits imaginaire, à proximité.

Nous avons fait une micro partie de la grotte, qui semblait jolie. Et comme nous avions pris et organisé le matos d'équipement pour le Bateau... nous n'avions pas le nécessaire pour la Portalerie. Alors on a "fait semblant" d'avoir besoin d'équiper là où on aurait pas eu à le faire, pour pratiquer un peu. J'ai regardé, puis me suis promenée, pendant que les filles pratiquaient. Après manger, nous avons déséquipé cette petite portion de cette grotte-école, sous les flashs des appareils photos des initiateurs (qui me demandaient de baisser le faisceau de ma lampe-qui-éclaire-que-quand-elle-veut).

Comme on sortait tôt, on a fait un peu "comme si" il faillait remonter le premier puits, sans Bloqueur, ni poignée. Heureusement qu'on a pas fait tout le P10 ou 15 avec un noeud de coeur et un Machard (ouf, il y avait un palier à mi remontée où on pouvait remettre le matos qu'on avait pas perdu), car c'est pas facile.

 

Mercredi 30 novembre : Toujours la même équipe, mais cette fois pour aller à l'endroit prévu : la grotte du Bateau.

On a cherché (près de 3/4 h...), et je l'ai trouvé (ah je suis fière !). Toujours sous la pluie, dans le froid, on me propose d'équiper ce trou.

Dans le stress de l'équipe autour de moi qui ne pense qu'à se mettre à l'abri de la pluie, je n'ai pas bien le temps de comprendre ce qu'on me dit de faire, comment et où, ...(bon, là c'était pas bien drôle).

La corde frotte, alors je recherche et pose un premier frac', avec une dyneema sur une lunule de la roche en amarrage naturel, reliée à une boucle de mon noeud de fusion par un noeud de tisserand, et avec mon 2ème ancrage en plaquette dans un spit proche (tout le monde comprend ?). Et je descends à la base du puits... heureusement qu'on fait des noeuds en bout de corde, mes pieds touchent tout juste le sol. Johan qui descend après moi pour vérifier mon installation, me fait des remarques, car il fallait que je prenne moins de corde pour faire mes noeuds là haut sous la pluie, et j'aurais dû mieux observer les autres possibilités d’ancrages : y'avait d'autres spits, plus décalés pour le frac', etc, etc...

Pendant que les filles et Florian descendent, je fais de belles observations, dont notamment une couleuvre, Coronelle girondine, en semi léthargie, à la base du puits.

Puis, ce sont Claire et Johan qui prennent le relais de l'équipement. Alors pour apprendre quelque chose en attendant la progression de l'équipement de la cavité, on tente de mettre en place un point chaud, avec ce qu'on a sous la main: une couverture de survie pour faire 'une partie' de toit, du fil, des pinces, les kits-bags pour isoler du sol... et Isa nous conte les conditions de la mauvaise fortune qui l'a contraint de rester à attendre une décrue avec ses comparses lors d'une visite d'une grotte pourtant touristique en Isère. Elle nous fait bien comprendre l'intérêt du nécessaire de survie.

Et puis j'ai vu un jeune triton marbré aussi, et puis j'ai attendu, puis attendu, puis attendu, puis eu envie de pisser, puis le temps ne passait pas, puis c'était long... alors j'ai sculpté des ancrages et amarrages naturels dans l'argile, pour "faire comme si"...bon j'ai bien compris alors, après ces 3 derniers jours, que quand on apprend à équiper/ déséquiper, en équipe, eh bien il faut prendre son mal en patience, et qu'on ne voit pas toujours le fond des grottes,... quand il faut rentrer pour 17h "au camp de base".

Alors on est remontés, et j'ai déséquipé en partie, précédée de Johan et ses encouragements. Il y avait un beau puits, et avec un méandre de 27 m de profondeur, puis un autre petit puits, (avec une main courante avec un amarrage naturel qui a "lâché"), une escalage/descalade, une étroiture/une trémie, et enfin le dernier puits et la sortie au crépuscule "accompagnée" (elle est passée entre mes jambes!) par une chauve-souris qui  partait chasser dehors.

 

Le jeudi, et le vendredi, j'étais aux mêmes endroits que Pierre-Jean, qui a déjà raconté, l'Aven Noir, impressionnant, spectaculaire...Waou, et l'aven des Patates, qui était ma plus grosse sortie de la semaine (et de ma vie jusqu'à présent !) où j'étais contente d'être fatiguée pour de vrai car je m'étais dépassée physiquement, et mentalement (vive les oppositions et les puits de 60 m, avec une lampe de secours prêtée par les équipiers !).

J'ai hâte de retourner visiter le sous-sol, mettre en pratique tout ce que j'ai pu voir cette semaine (quand j'aurais fait changer les batteries de ma nouvelle lampe !).

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